Le Grimpeur intégral est une personne qui transpose la philosophie de l’escalade encordée dans toutes les sphères de sa vie (perso, pro, spirituelle).
Une philosophie du “avec”
Le Grimpeur intégral n’est pas une méthode, encore moins une performance.
C’est une philosophie de vie concrète, une manière d’être au monde.
Une posture du corps, du mental et de l'esprit qui s’incarne dans chaque geste, chaque relation, chaque respiration.
Le Grimpeur intégral, c’est celui qui transpose la philosophie de l’escalade encordée – prudence active, partenariat, engagement, éthique de la voie et beauté du geste – dans toutes les sphères de sa vie : personnelle, professionnelle, spirituelle.
Voici les 6 mouvements fondamentaux que nous effectuons tous quotidiennement :
Le Grimpeur intégral comprend que la gravité fait partie du jeu de la vie.
Il ne cherche pas à la fuir, ni à la vaincre, mais à vivre avec, parfois même à jouer avec.
Car sans gravité, rien ne tiendrait, rien ne se tiendrait, rien n'existerait. Pas même l'humanité.
La gravité n’est pas un obstacle, encore moins une lutte, mais la condition même de tout mouvement.
Elle se manifeste sous mille formes : les épreuves, les chutes, les maladies, les pertes, les limites. En somme l'inattendu et l'indésirable sous toutes ses formes.
Le Grimpeur intégral ne nie rien de tout cela. Il reconnait que ces forces pèsent, tirent, ralentissent - mais il comprend aussi que c’est grâce à elles qu’il avance.
C'est pourquoi il va au-delà de la simple résilience et au-delà de la robustesse : il compose avec la gravité, avec le vide, avec le réel tout entier pour créer du nouveau, de l'inédit.
Sans gravité, il n’y a ni équilibre, ni croissance, ni vie.
C’est pourquoi le Grimpeur intégral se demande toujours :
Comment être au plus juste avec cette gravité constitutive de l’existence ?
Le Grimpeur intégral sait que le paradoxe est la texture même du monde.
Pour grimper, il faut de la gravité. Pour s’élever, il faut accepter le lâcher de prise. Pour mieux prendre de la hauteur, il faut apprendre à dégrimper.
Car si tout était facile et léger, il n’y aurait ni tension, ni apprentissage, ni évolution.
Le vivant a besoin de contrainte pour exister.
Le Grimpeur intégral ne cherche donc pas à résoudre les contraires, mais à habiter la tension fertile entre eux.
Car c’est dans cette tension que naît la vie, que s’invente la justesse, que l'impensable devient pensable.
Le Grimpeur intégral ne cherche pas la perfection : il cherche la justesse.
Ou plutôt, il apprend à laisser la justesse se manifester à lui.
La justesse, c’est ce point d’équilibre entre la tension et le lâcher-prise,
entre le vouloir et le laisser-advenir,
entre la volonté et le consentement.
Dans l’action, dans la parole, dans la relation, le Grimpeur intégral cherche le geste juste : non pas celui qui force comme un âne, mais celui qui s’accorde, qui sonne juste.
Comme en musique, la justesse n’est pas tant la pureté du son, que l’accord vivant entre l’intention, la résonance et le laisser-advenir.
Le Grimpeur intégral n’a rien à voir avec le “solo intégral”.
Il en est même l’opposé radical.
Car le Grimpeur intégral ne peut pas être seul, au sens de “déconnecté de”.
C’est une impossibilité philosophique.
Même s’il grimpe physiquement en solo, il le fait toujours avec :
avec la roche, avec le vent, avec la lumière, avec sa peur, avec le vivant tout entier.
Chaque mouvement est une conversation entre lui et le monde.
L’encordement devient alors une métaphore du lien :
la corde relie, retient, rassure, assure, rappelle.
Elle incarne la conscience que toute liberté est relationnelle.
Le Grimpeur intégral avance donc avec les autres, avec le monde, avec sa propre nature.
Il grimpe avec.
Vivre avec la gravité, c’est consentir à la vie telle qu’elle est.
Ce consentement n’est pas de la passivité, encore moins de la résignation.
C'est une forme active de sagesse.
Il ne s’agit plus de “vouloir aller mieux”, mais de vivre avec, de faire de son mieux avec.
Le Grimpeur intégral ne cherche plus à maîtriser le monde :
il le laisse se fondre en lui.
Il ne s’oppose plus à la vie : il s’y accorde.
Il se dissout, s’y perd même, et parfois ... s’y trouve.
C’est dans ce laisser-être qu’il arrêtera de se sentir "à côté de la plaque". C'est dans ce consentement fondamental qu'il pourra découvrir la plus grande des libertés :
Celle d’être pleinement accordé au réel.
L’élévation, pour le Grimpeur intégral, n’est jamais un but.
C’est une conséquence naturelle, le fruit d’une pratique vivante et joyeuse de la gravité, du paradoxe, de la justesse, du lien et du consentement.
Cette élévation naît souvent d’une chute, d’une descente, d’un dépouillement.
Mais quand elle advient, elle n’est plus verticale : elle est globale.
Elle n’oppose plus le haut et le bas, elle les réunit dans un même mouvement.
En prenant de la hauteur, la vie change.
En laissant la légèreté s'installer, la perception change. Le monde entier change, sous nos yeux.
L’élévation, c’est ce qui reste quand on ne résiste plus à la gravité.
Gravité → Vide → Paradoxe → Justesse → Lien → Consentement → Élévation.
Ce mouvement est la respiration même de la vie.
C'est ainsi que le Grimpeur intégral - cycle d’accords et de désaccords, de tensions et de relâchements - trouvera sa juste place sur le rocher de l'existence.
Un mouvement perpétuel où le sens ne se trouve pas au sommet,
mais dans la manière de grimper, avec.